la mère de Michel Houellebecq n'est pas morte, et elle a même publié un livre, l'innocente, dans lequel elle raconte sa vie. Il semble bien que son objectif premier n'y soit pas de régler ses comptes avec son fils, cependant ce lui s'en prend tout de même pour son grade.
Cette femme a eu une vie exceptionnelle, indubitablement : elle voulait être danseuse, mais pas question, et elle fait de brillantes études, elle devient médecin, voyage, rencontre le père de Michel, un guide de montagne, et, pour ne pas renoncer à sa vie, à ses voyages, elle confie son fils à sa belle-mère, qui sera la seule à lui donner un peu de tendresse.
Ainsi donc, l'enfance terrifiante de Michel Houellebecq est réellement (on s'en doutait presque) celle évoquée dans les particules élémentaires. Et bien que cette enfance m'ait fait frissonner d'horreur, je m'interroge tout de même sur ce qu'est la maternité.
En effet, il semble bien qu'on fasse à deux un enfant, et Michel Houellebecq n'en veut pas à son père, alors que les deux l'ont bel et bien abandonné, pas seulement elle. Pourquoi la mère est-elle plus responsable? Parce qu'en chacun de nous sommeille cette vérité, que c'est la mère qui élève l'enfant, c'est elle qui le protège, le sauve, le défend, pas le père. Donc, en cas de manque, on se tourne avec rage vers l'image éventuellement vacillante de la mère - et on oublie le père.
D'autre part, cette mère a donné à Michel son caractère et il n'est pas impossible d'imaginer qu'au fil des années, elle ait loupé le rendez-vous avec son fils. Oui, car après tout, avoir été élevé par sa grand mère, j'en connais d'autres qui l'on été, et par la suite pas si traumatisé que ça. Tout est une question de contexte. Donc, ne pas en déduire nécessairement que la mère a été un monstre, mais en revanche que l'enfant a ressenti un gros manque qui persiste encore de nos jours.
